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Mieux connaître les êtres vivants "indésirables" au jardin, une stratégie pour se reconnecter à la nature

10 / 09 / 2023 | Aline BOHLY | ROBERGE Julie

Julie Roberge, professeure de SVT au collège Lucie Aubrac de Montévrain et membre du groupe académique Jardins de Créteil, propose un scénario pédagogique destiné à des élèves de sixième, qui permet d’interroger une reconnexion des élèves à la nature grâce à une amélioration de leur connaissance de la biodiversité et plus particulièrement des espèces qui suscitent leur appréhension. L’exemple choisi est celui de la guêpe.

Problématique :
Les peurs relèvent souvent un déficit de connaissances scientifiques. En apprenant la biologie des espèces, certaines représentations peuvent évoluer, contribuer au bien-être de l’enfant dans l’environnement naturel favorisant ainsi sa curiosité et son envie d’agir en faveur de la préservation des milieux naturels.
La connaissance de la biodiversité, y compris des êtres vivants indésirables, peut ainsi conduire à une reconnexion à la nature, de plusieurs façons. Tout d’abord, en apprenant à identifier les différentes espèces présentes dans le jardin, les enfants peuvent développer une meilleure compréhension de l’écosystème local et de la manière dont les différentes espèces interagissent les unes avec les autres. Cela peut aider à renforcer le lien entre les humains et la nature en montrant comment tout est connecté. De plus, en apprenant à identifier les espèces indésirables, les enfants peuvent mieux comprendre pourquoi elles sont considérées comme telles et quel est leur rôle écologique. Cela peut aider à éviter l’utilisation excessive de pesticides et d’autres produits chimiques nocifs pour l’environnement et la santé humaine, ce qui peut contribuer à la protection de la biodiversité. Enfin, en apprenant à apprécier la diversité des espèces présentes dans le jardin, y compris celles qui sont considérées comme indésirables, les enfants peuvent développer une plus grande appréciation de la nature dans son ensemble. Cela peut conduire à une plus grande sensibilisation à la nécessité de protéger la biodiversité et à une plus grande volonté de prendre des mesures pour préserver les écosystèmes naturels.

Comment la connaissance de la biodiversité, en particulier les êtres vivants indésirables, au jardin peut-elle conduire à une reconnexion à la nature ?
Ex : guêpe

Niveau de classe : 6ème (une classe pour débuter soit 30 élèves)

Discipline concernée : SVT

Scenario pédagogique :
  Choix d’une espèce pour laquelle les élèves de la classe ressentent du « dégout », une « appréhension » et donc, dont la présence peut nuire à une activité sereine en extérieur : ici la guêpe.
 Investigation sur le ressenti des élèves par rapport à l’espèce choisie (Pré-test : que leur évoque la guêpe ?)
  Mener des recherches sur la place et le rôle des guêpes dans la nature : répondre à un questionnaire sur la guêpe à l’aide d’un ensemble documentaire.
  Nouvelle investigation sur le ressenti des élèves après l’étude de documents (post-test)
  Safari photos et construction d’une fresque des indésirables au jardin afin de mettre en évidence les rôles écologiques importants d’insectes et autres animaux indésirables.


Compétences EDD (voir référentiel du CSP) visées :

S’ouvrir à la complexité des thématiques de développement durable
 : Observer, décrire, reconnaître, analyser

 repérer et identifier de façon simple des acteurs et des enjeux dans une situation donnée ;
 aborder les apports des sciences et de la technologie dans la réduction des incidences des activités humaines (destruction de « nuisibles », etc.) ;
Faire preuve d’esprit critique pour appréhender les problématiques de développement durable
 : Reconnaître et caractériser

 pratiquer une démarche d’investigation.
Adopter un comportement éthique et responsable vis-à-vis de l’environnement et des sociétés humaines
 : Reconnaître et s’approprier des valeurs

 identifier les valeurs mises en jeu dans un comportement (responsabilité environnementale, etc.) ;
 adopter un comportement responsable.
Agir individuellement et collectivement pour construire un monde durable
 : Devenir acteur de ses choix

 participer à une action concrète : être associé à un choix collectif pour s’engager et accomplir des tâches ;
 envisager des actions qui dépassent le cadre de l’école ;
 identifier une confrontation de points de vue, savoir se positionner, justifier son point de vue.

Mesure de la plus-value du travail réalisé sur l’acquisition de ces compétences :

Pré-test

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Questionnaire élèves

Nuage de mot reprenant l’ensemble des réponses de la classe pour le questionnaire de départ

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Le premier questionnaire montre une peur (piqure, agressive…) et une méconnaissance des guêpes (miel, dard planté dans la peau…).

Elèves de 6ème Cassiopée pendant l’étude documentaire

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Post-test

Nuage de mots reprenant l’ensemble des réponses de la classe pour le questionnaire de fin

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Le second questionnaire réalisé après l’étude documentaire montre une évolution des connaissances et des appréhensions. Les élèves comprennent comment se comporter avec les guêpes pour se sentir sereins et l’intérêt de la protection de cet animal. Ils disent se sentir rassurés et mieux supporter, par exemple, la présence d’une guêpe dans la salle de classe.

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Le safari photo en extérieur (potager, jardin et cour) fut un moment très agréable tant pour moi en tant que professeur que pour les élèves qui semblent bien avoir intégré la consigne et ont fait preuve d’une grande autonomie mais aussi d’un bon esprit d’équipe (les élèves s’interpellent pour que tous puissent prendre en photo les insectes les plus étonnants, sont heureux de partager leurs découvertes, ils recherchent très attentivement…). Ainsi les élèves se sont montrés déterminés à prendre un maximum de clichés afin de construire la fresque sur les mal-aimés.

Elèves de 6ème Cassiopée en safari photos

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Fresque des "mal-aimés"

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Quelles conséquences (ressenties) sur la posture du professeur ?

Une consigne simple et claire permet aux élèves de prendre une grande autonomie dans les tâches à effectuer en extérieur. Les élèves viennent d’eux-mêmes demander de l’aide pour l’identification et pour montrer leurs heureuses découvertes. C’est aussi l’occasion de travailler la posture de l’adulte : les parents peuvent avoir une attitude sur-protectrice vis-à-vis des enfants engendrant des peurs chez les enfants et les privant, par erreur, d’un grand nombre d’expériences (ne pas monter aux arbres, ne pas se salir, ne pas s’approcher des insectes) créant ainsi un « déficit générationnel environnemental » c’est-à-dire un déficit de connaissance du monde naturel. Il s’agit là d’une expérience permettant de combler pour partie ce déficit. De même, les peurs sont souvent liées à un manque de connaissances : cette séquence permet aux élèves de s’exprimer sur leurs peurs et de s’engager dans un processus de redécouverte voire de réparation (on peut par exemple regarder de loin ou caresser un escargot, être stimulé par l’intérêt que portent les autres à un être vivant…). Il semble important que l’adulte montre qu’il n’a pas peur, voire que le contact et l’observation d’un animal procure des émotions positives (curiosité, étonnement, contemplation…). On peut aussi utiliser l’apport d’informations et d’anecdotes pour détourner les inquiétudes des élèves et susciter la curiosité face à un être vivant plutôt que la crainte.

fresque des mal-aimés