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La biodiversité, un levier pour les ODD ! (2/4)

22 / 11 / 2021 | Clarisse MAZIN

2-Quel état des lieux de la biodiversité en France aujourd’hui ?

Un patrimoine naturel d’une grande richesse
La France possède un patrimoine naturel exceptionnel, riche de 19 424 espèces endémiques (présentes uniquement sur un territoire).
Avec la métropole et les territoires d’outre-mer, elle est présente sur deux continents et dans tous les océans, sauf l’Arctique. C’est le deuxième espace maritime du monde, qui accueille près de 10 % des surfaces de récifs coralliens dans le monde.

La France est un des rares États européens à accueillir des écosystèmes tropicaux sur son sol, dont la forêt tropicale guyanaise. Plus de 180 000 espèces sont actuellement recensées en France, soit 10 % des espèces connues sur la planète.
La France est présente sur 5 des 36 points chauds de la biodiversité mondiale : Méditerranée, Caraïbes, Océan Indien, Polynésie et Nouvelle-Calédonie.

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https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/18093_Biodiversite_Carte_Points%20chauds_A3_0.pdf

La France métropolitaine se situe au carrefour de quatre régions biogéographiques terrestres (alpine, atlantique, continentale, méditerranéenne) et de deux régions marines (atlantique, méditerranéenne).Cette position explique la riche diversité des habitats naturels et des espèces qu’elle abrite.

Une biodiversité menacée

L’IPBES, est un organisme intergouvernemental scientifique et politique qui rassemble 132 États membres des Nations Unies ( 2012). Il a pour vocation de synthétiser et d’évaluer les connaissances sur la biodiversité et les services éco systémiques afin d’éclairer les décideurs et l’opinion publique, sur les enjeux des changements actuels de la biodiversité.
En mai 2019, l’IPBES a publié son premier rapport sur l’état de la biodiversité et des écosystèmes à l’échelle planétaire .

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https://ipbes.net/sites/default/files/2020-02/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers_fr.pdf

La France se situe parmi les dix pays abritant le plus grand nombre d’espèces mondialement menacées.
La liste rouge nationale de l’UICN et du MNHN évalue le risque de disparition des espèces, par groupe taxonomique, à l’échelle du territoire français.
À ce jour, 10 055 espèces ont fait l’objet d’une telle évaluation, soit un peu moins de 6 % des espèces connues en France. 18 % des espèces évaluées sont éteintes ou menacées en France au 1er février 2019. Le risque de disparition des espèces est nettement plus élevé dans les outre-mer insulaires (39 %) qu’en métropole (12 %).
Source : https://www.ecologie.gouv.fr/biodiversite-presentation-et-informations-cles

Quelles principales menaces pèsent sur la biodiversité ?

Le comité international d’experts de l’IPBES identifie cinq grandes pressions qui affectent la nature : Ces pressions sont toutes causées par les activités humaines.

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https://naturefrance.fr/sites/default/files/2021-01/PublicationONB_2020_V14_compresse_0.pdf

a) l’artificialisation du territoire,
L’artificialisation, correspond à la transformation d’un sol à caractère naturel, agricole ou forestier par des actions d’aménagement. Cela a un impact significatif sur la faune et la flore : la destruction des milieux naturels et par conséquence des espèces qui y vivent.

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L’état de l’environnement en France-2019
L’Île-de-France, la Bretagne, la Normandie ou encore les Hauts-de-France comptent parmi les régions les plus fortement touchées avec une dynamique d’artificialisation élevée.

b) la fragmentation des milieux naturels,
Des milieux naturels et des cours d’eau sont fragmentés à cause de l’urbanisation et de l’extension des infrastructures routières et ferroviaires. La fragmentation se manifeste lorsqu’un écosystème de large étendue est divisé en de nombreux fragments de taille réduite. Ce morcellement du territoire constitue une menace pour la biodiversité (isolement génétique des populations, etc.). La fragmentation des cours d’eau est, quant à elle, provoquée par la construction, notamment, de barrages, de seuils, d’écluses, constituant autant d’obstacles à l’écoulement des cours d’eau.

c) l’intensification des pratiques agricoles,
L’agriculture intensive se caractérise notamment par l’utilisation d’intrants (engrais chimiques, produits phytosanitaires) et par un assolement d’espèces cultivées faiblement diversifié qui fragilise la biodiversité. La simplification des paysages et la diminution continue des surfaces de prairies sont deux autres facteurs expliquant la perte de biodiversité en milieu agricole. Plus particulièrement, les grands espaces toujours en herbe, riches en biodiversité (prairies, milieux herbacés ouverts, etc.) ont diminué de 7,9 % en métropole entre 2000 et 2010 avec une perte de 622 000 ha, soit l’équivalent de la surface du département de l’Hérault.

d) la prolifération d’espèces exotiques envahissantes,
Les espèces exotiques (le ragondin, la grenouille Taureau, le Frelon asiatique) envahissantes introduites par l’Homme, de façon volontaire ou accidentelle sont l’une des principales causes de l’érosion de la biodiversité mondiale selon l’UICN.

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http://eee.mnhn.fr/wp-content/uploads/sites/9/2017/06/sch%C3%A9ma-invasion-biologique2.jpg

C’est une menace pour les écosystèmes et peut avoir des répercussions considérables sur la santé et l’économie. Elles exercent une pression sur les espèces locales (compétition, prédation, transmission de maladie, etc.). En France métropolitaine, sur un panel de 84 espèces, en moyenne six nouvelles espèces exotiques envahissantes s’installent dans chaque département tous les dix ans depuis 1979.

e) la pollution lumineuse,
La pollution lumineuse se caractérise par un excès d’éclairage artificiel la nuit. C’est une source de perturbations pour les écosystèmes et les espèces nocturnes. Elle perturbe le déplacement des espèces nocturnes (oiseaux migrateurs, chauves-souris, papillons, tortues marines venant d’éclore, etc.), affecte leur activité alimentaire, influe sur leur période d’activité et de maturité reproductrice.

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http://www.trameverteetbleue.fr/sites/default/files/references_bibliographiques/guide_trame_noire_figure_4.pdf

f) le changement climatique
Le dernier rapport du GIEC (2018) fait apparaître le changement climatique comme le troisième facteur affectant la biodiversité avec un impact depuis le niveau des écosystèmes jusqu’à celui de la diversité génétique. Ce rapport souligne que de nombreux habitats naturels sont menacés par les effets du réchauffement climatique *modification de l’aire de répartition des espèces (une augmentation de 1 °C correspond en France à un décalage des zones climatiques d’environ 200 km vers le Nord)
*déplacement des espèces vers les pôles ou vers des altitudes plus élevées, avec une vitesse de déplacement modulée par les capacités de migration propres à chaque espèce, et des interactions avec les activités humaines. Pour les espèces à faible capacité de dispersion, les risques d’extinction seront accrus.

Le changement climatique modifie également la physiologie des espèces. Les calendriers biologiques pourront évoluer avec des conséquences complexes sur les écosystèmes car des désynchronisations entre espèces interdépendantes pourront avoir lieu.

Sommaire
Article précédent :1-Comment définir la biodiversité ?
Article suivant : 3- Quelles mesures sont mises en œuvre pour préserver la biodiversité ?

 

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