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S’engager dans une démarche de développement durable

09 / 07 / 2020 | Manuella Van Praët | Groupe académique EDD - « Jardins de Créteil »

Débuter un jardin pédagogique, c’est avant tout s’engager dans une démarche de développement durable. Il pourra d’ailleurs en être le point névralgique. Anne Ciavatti et Julien Calas, membres du groupe académique Les jardins de Créteil, vous proposent quelques axes de travail autour de cet engagement lorsque l’on débute au jardin.

Si “s’engager” dans un jardin potager signifie d’abord “se lancer”, il faut aussi tenir compte des autres acceptions du mot : “prendre position”, “entreprendre ou participer à une action”, ici respectueuse de l’environnement et de l’Humain, ou encore “se lier par une promesse formelle” aux premières recommandations, au moins du guide d’accompagnement à la réalisation d’un jardin pédagogique que vous retrouverez synthétisées ici et développées ci-dessous.

1. Pratiquer une culture respectueuse du sol et de sa biodiversité.

Afin de contribuer à la formation des élèves au développement durable, il est important que ceux-ci soient le plus souvent associés aux choix techniques et qu’ils soient amenés à comprendre leur bien fondé. On veillera ainsi...

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- ... à avoir des traitements cohérents avec l’objectif « Zéro intrants chimiques » : des traitements alternatifs existent et de nombreux ouvrages (comme Je prépare mes potions pour le jardin de B. Lapoge-Déjean et S. Lapouge que l’on trouve aisément dans de nombreuses médiathèques) : plantes et préparations qui repoussent les insectes ravageurs, plantes compagnes des cultures, engrais naturels dits “verts” et locaux, apports de compost maison (http://edd.ac-creteil.fr/-a-Pour-debuter-au-jardin-). Et pourquoi pas, dans un second temps, tendre vers le “zéro intrant” ? On connaît la controverse autour du terreau qui contient très souvent de la tourbe...

 … à avoir des pratiques culturales respectueuses du sol et de sa biodiversité : travail du sol sans bêchage / labour (on peut décompacter sans retourner les horizons du sol), paillage du sol, amendements raisonnés (comme le compost), rotation des cultures sur une même parcelle, éviter le piétinement du sol, surélever les zones cultivées...

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2. Observer et favoriser la biodiversité locale

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Réaliser un jardin pédagogique, c’est aussi et peut-être, avant tout, préserver et favoriser la biodiversité locale. Qui plus est, cette biodiversité sera le plus souvent un atout pour vos cultures. Ceci passe en premier lieu par son observation et son identification.

Observer
De nombreux programmes de sciences participatives et applications vous permettront d’identifier la biodiversité au sein de votre jardin voire d’en observer l’enrichissement.
 Le programme Vigie-Nature École vise à suivre la biodiversité locale en participant à un programme de recherche s’inscrivant dans une démarche scientifique complète. Différents “observatoires” existent ; Escargots, vers de terre, insectes pollinisateurs, oiseaux, chauves-souris, organismes marins et plantes sauvages.
 Des applications pourront aussi vous aider à identifier la faune et la flore qui vous entoure comme les applications BirdNET et Seek (Article ici)

Favoriser
Ensuite, il s’agira de tenter de favoriser et d’équilibrer cette biodiversité.
 Plusieurs types d’installations simples vous permettront d’y arriver. Avant d’envisager l’implantation d’une mare, vous pourrez, par exemple, réaliser des nichoirs/hôtels à insectes, des abris à hérisson, nichoirs et mangeoires à oiseaux, des tipis de lierre...
 Pour les grands jardins, il est aussi possible de laisser un coin “prairie” non cultivé ni entretenu ou encore un tas de rondins ou de pierres laissés à l’abandon.
 Outre les plantes annuelles, pensez aux vivaces et n’hésitez pas à vous libérer, selon l’espace disponible, un coin “jardin perpétuel” : des ouvrages pourront là encore vous accompagner.
 Si vous souhaitez privilégier des cultures locales, le guide Plantons local en Ile-de-France de l’ARB (agence régionale de la biodiversité) vous sera très utile.

3. Éviter / limiter le gaspillage au jardin

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La limitation du gaspillage au jardin est un point important aussi bien d’un point de vue écologique qu’économique. Il existe une infinité de moyens de réduire le gaspillage au jardin.

Récupérer
Tout ce qui peut être récupéré, doit l’être, à commencer par l’eau.
 L’arrosage consomme beaucoup d’eau, surtout lors des périodes sèches ou encore lorsque l’on vient de planter. Ainsi, l’installation d’un récupérateur d’eau de pluie vous permettra de belles économies et sensibilisera les élèves à la gestion durable de ce bien précieux. Il pourra être construit à l’aide de palettes et d’une bâche recyclés, vous être offert après des démarches (voir fiche 2 : (s’)organiser) ou bien acheté (de 30 à 100€ selon la taille). Il conviendra de réfléchir à son positionnement. Il pourra par exemple être relié au système de gouttières de votre abri de jardin ou du collège. Il faudra être vigilant pour que cette installation n’entraîne pas le développement de moustiques-tigres. Ainsi, il vaut mieux opter pour un récupérateur qui a la possibilité d’être fermé ou recouvert d’une bâche, voile d’hivernage ou d’une moustiquaire.
 Si vous souhaitez aménager votre jardin à moindre coût vous pouvez le faire en récupérant du mobilier ou du matériel jeté ou donné. Par exemple, si vous vous rendez sur certains chantiers, ils seront ravis de vous donner des tourets en bois que vous pourrez installer comme tables au jardin. Le collège se débarrasse aussi parfois de mobilier lorsqu’il est renouvelé ; une partie pourra être conservée pour le jardin. Les encombrants ou les sites de dons d’objets constituent également une ressource intéressante d’équipement ou d’aménagement.
 Tous les déchets verts gagneront à être conservés, soit pour être compostés, soit pour être transformés (http://edd.ac-creteil.fr/Engrais-verts).
 Enfin, si vous réalisez quelques constructions au jardin, il conviendra de récupérer les chutes. Vous leur trouverez toujours une seconde vie.

Recycler / Upcycler
Pour donner une seconde vie à certains éléments récupérés, il vous faudra faire preuve de créativité et d’ingéniosité.

 Ainsi, les tourets pourront être peints et/ou customisés afin d’en faire des tables ou tabourets ; de grands tiroirs deviendront facilement des hôtels à insectes.

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 Les chutes de bois pourront servir à faire des tipis de lierre, des mangeoires à oiseaux, des nichoirs à insectes, etc.
 Les palettes pourront servir à la construction de mobilier ; tables, chaises, bancs, treillis, potager, etc.

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Composter
L’installation d’un composteur au jardin est un incontournable. Il permettra de limiter le gaspillage en valorisant les biodéchets mais aussi d’enrichir et d’améliorer la texture de votre sol grâce au compost et de travailler sur la décomposition en classe ou en club (http://edd.ac-creteil.fr/Enquete-sur-la-disparition-des-dechets-verts-dans-un-composteur ou http://edd.ac-creteil.fr/Etude-de-la-degradation-de-la-matiere-organique-au-jardin-pedagogique).
 Il en existe plusieurs types (lombricomposteur, composteur fixe… Après plusieurs retours d’expérience, les composteurs rotatifs sont déconseillés), si vous l’achetez, à vous de choisir ce qui vous conviendra le mieux. Un composteur de jardin coûte entre 80 et 200€ en moyenne.
 Vous pouvez bien sûr l’acheter, mais vérifiez tout de même avant que votre mairie / département / Région ne peut pas vous en donner un. Et, si vous êtes bricoleur, vous pourrez également en construire un avec des palettes traitées par la chaleur et non chimiquement. Cela vous permettra ainsi de réaliser des économies.

Économiser l’énergie
Dans les pays industrialisés, pour produire une calorie alimentaire, il faut environ huit calories d’énergies fossiles. Ainsi, au jardin, vaut-il mieux privilégier les techniques manuelles d’entretien et d’aménagement du potager, en bannissant motoculteur, composteur rotatif, produits phytosanitaires, et matières (notamment plastiques) peu durables.

4. Intégrer tous les élèves

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Le jardin peut être le lieu où se retrouvent les élèves des sections SEGPA et générale, du dispositif ULIS, de la classe relais, allophones, élèves à haut potentiel… A vous d’en faire un lieu de vie pour tous (Article ici), un fleuron de l’école inclusive ou les différences (scolaires, filles/garçons...) et étiquettes disparaissent.

5. S’engager dans une démarche de labellisation

 La labellisation E3D (Établissement en démarche de développement durable) est attribuée aux établissements qui entrent en démarche globale de développement durable. Elle vise à reconnaître et valoriser l’engagement des établissements, des équipes et des élèves impliqués dans les projets et les démarches de développement durable. Vous trouverez en suivant le lien ci-dessous l’ensemble des informations utiles sur la labellisation E3D.

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 Eco-École propose un mode d’emploi et des ressources aux équipes pédagogiques pour déployer efficacement le développement durable de la maternelle au lycée avec une méthode en sept étape : monter une équipe pour piloter le projet, enquêter sur son fonctionnement et ses pratiques, imaginer des solutions et passer à l’action, mesurer et valoriser ses résultats, adopter le projet comme support pédagogique, fédérer et s’ouvrir sur son territoire et s’engager sur avec créativité (https://www.eco-ecole.org/).

Les photos présentées dans cet article ont été prises par Mme Anne Ciavatti, Mme Anne-Catherine Bennetot, M. Julien Calas, M. Vincent Desjardin, M. Ahmed Hamrouni, membres du groupe académique Les jardins de Créteil.